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Vous le savez sûrement, le gouvernement va présenter au courant du mois d'avril un projet de loi sur "les droits des femmes". Parmi la question des violences faites aux femmes et de la parité aux élections législatives, on retrouvera l'égalité au travail et le congé parental.
Et bien, parlons-en ici aujourd'hui, en prenant comme exemple bien concret le cas d'une emmerdeuse de 30 ans qui a eu la bonne idée d'avoir trois gosses en trois ans et sept mois, j'ai nommé: MOI!
Mais tout d'abord, une petite présentation de ce projet de loi s'impose. L'axe principal sera de réduire le congé parental de 6 mois, le faisant passer de 3 ans à 2 ans et demi, puis 6 mois supplémentaires pris par le second parent.
Il semblerait que la prime touchée serait plus élevée, mais là dessus je n'ai pas trouvé plus d'infos.
C'est le moment de vous raconter ma petite vie!
Le début des ennuis a commencé lorsque j'ai souhaité reprendre le travail après la naissance de mon 2e. La chef de service avait changé pendant mon congé maternité, je me suis donc retrouvée face à une Elisabeth Badinter en puissance qui ne comprenait pas ma reprise à temps partiel, ni ma demande de salle pour tirer mon lait une fois par jour.* "Quand on a des enfants et que l'on reprend le travail, on s'organise" a été sa phrase phare de notre entretien. Je me suis permise de lui répondre que c'était précisément ce que j'étais en train de faire, fin de la discussion!
J'ai tenu 5 mois, avant d'aller voir ailleurs si l'herbe était plus grasse, et la hiérarchie plus ouverte aux mamans.
J'ai alors trouvé le poste de rêve: à deux minutes et demi de chez moi, coincé entre l'école du grand et la nounou du petit, bref, super chouette. La maman que j'étais n'en revenait pas de cette trouvaille!
Malencontreusement, mes lacunes en calcul mental ont chamboulé cette belle routine qui s'était installée: petit Toine avait élu domicile dans mon bidon, alors que "mais je t'assure chéri que j'avais compté"!! Sans commentaire!
Me voilà en congé maternité, puis en congé parental pour prolonger le plaisir.
Mais au début de cette année 2014, l'Homme a parlé, lui qui est bien plus fiable que moi avec les chiffres: l'absence de salaire maternel et la consommation excessive de gâteaux Bonne Maman n'étaient plus compatibles, je devais retourner au turbin.
J'ai donc pris ma plume pour faire une demande de reprise à temps partiel (90% pour ne pas faire la tournée de patients du soir une fois par semaine de 16h30 à 20h, la crèche ne me permettant pas de laisser mes enfants plus de 10h consécutives).
Je rappelle ici que dans le cadre d'un congé parental, le parent a le droit à une reprise à temps partiel complété par la CAF jusqu'aux 3 ans du dernier. L'employeur n'est pas en mesure de refuser, et doit proposer un poste similaire en cas de problèmes de fonctionnement interne sur le poste précédemment occupé.
Sans trop de surprise, ma demande sur mon poste m'a été refusée par retour de courrier. Après avoir expliqué mes problèmes organisationnels à la DRH et au directeur, ils sont finalement revenus sur leur décision, et m'ont fait savoir qu'après la validation de Misstigreen par une commission de déontologie (ceci est une autre histoire...), le retour sur mon poste serait effectif.
C'est là qu'intervient la grande bêtise humaine, et qu'à ce stade, je rêve d'une grotte et d'une chèvre au fin fond du Larzac...
A partir du moment où le directeur a annoncé à mes collègues (13 femmes et 1 homme) que je revenais à 90%, j'ai eu à subir ce qu'il convient d'appeler du harcèlement, même si ce mot sonne toujours comme une exagération de la situation.
Cela a commencé par un appel de l'infirmière coordinatrice, personne chargée entre autre de boucler les plannings de tournées de patients. Cette femme je ne la connais pas, puisque comme dans ma situation précédente, elle a remplacé la coordinatrice avec qui je travaillais.
Cette inconnue donc a eu le culot de me faire savoir que ma demande ne l'arrangeait pas, que pour faire ces plannings ça allait être extrêmement difficile, et qu'elle trouvait que mes petits problèmes d'organisation ne regardaient que moi parce qu'après tout, on ne m'avait pas forcée à avoir 3 enfants. Croyez-moi ou pas, mais je suis restée superbement polie, mielleuse, alors qu'un sacré gros "FUCK" me chatouillait la langue et était sur le point de gagner le combat contre mes lèvres crispées.
Quelques jours plus tard, j'ai eu l'immense joie d'avoir une discussion téléphonique avec deux collègues, avec lesquelles je n'avais jamais eu de soucis, et pour lesquelles je vous aurais dit quelques mois plus tôt qu'elles étaient carrément sympas.
Ces dames voulaient me faire savoir que ma demande les emmerdait au plus haut point, que elles aussi elles avaient des choses à faire l'après-midi, et que dans ces conditions, elles ne voyaient pas pourquoi elles feraient un après-midi de plus par mois. Et de me dire "tu comprends, moi j'ai poney/piscine/ma belle-mère unijambiste".
Tout cela pour dire ceci, chère Madame Vallaud-Belkacem: votre réforme, personnellement, elle me fait bien marrer.
Parce que pour commencer, il faudrait peut être se demander pourquoi les femmes se retrouvent à prendre des congés parentaux.
Quand on voit qu'une fois mère, l'ultime but de notre vie est de trouver LA place en crèche, et qu'avec ce sésame on fait pâlir de jalousie les 75% de nos copines qui n'en auront jamais, c'est plutôt pitoyable. Alors qu'avant d'avoir des enfants, pardon de le dire, mais moi j'étais jalouse du Gérard Darel de Germaine, ou des nouvelles chaussures de Simone.
Ensuite, ladite crèche, lorsqu'elle ferme un mois entier durant l'été, on fait comment?? Nan parce que j'aimerais bien reprendre un travail, mais lorsque je dis qu'il me faut mon mois d'août, même sans solde, on me rit au nez assez nerveusement et on me fait comprendre que je suis bien mignonne, mais que ça ne va pas être possible.
Et pour finir, argument ultime à cette grosse rigoulâde: on fera comment quand l'Homme sera en congé parental à 600 boules par mois alors que c'est lui le salaire principal du foyer, et que déjà avec son salaire seul il va falloir que je renonce bientôt à mes sablés tout choco??
Puisque vous semblez vraiment mal renseignée sur les véritables priorités des mères à l'heure actuelle, je suppose que vous avez une nounou à domicile qui vient le matin chez vous, la fleur au fusil, un petit tablier blanc à la Mary Poppins noué sur les hanches, et que vous pouvez partir tranquillement au boulot en disant "bonne journée les enfants, et surtout soyez sages hein"!
Excusez-moi Madame la Ministre, mais mes problèmes ne seront jamais les vôtres, et je suis vraiment triste à l'idée que cette discrimination subie ait lieu au sein même de votre sacro-sain service public, là où après avoir travaillé près de 10 années dans le privé, je pensais trouver compréhension et respect des lois en vigueur.
Puisque ce n'est même pas le cas, ce sera vraiment chouette que vous me prêtiez votre Mary Poppins le temps que je me retourne.
On s'appelle bientôt?
Pour signer la pétition contre la réforme du congé parental, c'est ici:
http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/cong%C3%A9-parental-non-au-projet-de-loi-2013-de-najatvb
* Pour l'allaitement au travail, cest ici:
http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F1769.xhtml
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