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2014-03-30T20:44:32+02:00

Gastronomie japonaise et projet de naissance

Publié par

Il est des rencontres qui marquent par la sensation d'être hors du temps mais aussi par l'envie qu'elles donnent de prolonger le moment lorsque l'horloge reprend ses droits.

C'est exactement ce que j'ai ressenti durant ce premier dîner avec Sophie Gamelin-Lavois, alors que j'étais attablée là, dans un restaurant japonais, face à l'auteure qui m'avait guidée tout au long de ma première grossesse.
Grâce à elle, j'avais su que mon instinct, mon désir de vivre ma grossesse et la naissance de mon bébé de telle ou telle manière ne relevait pas de caprices, mais bien de la peur que le système médical (que je connais si bien...) ne prenne possession d'un des évènements les plus importants de ma vie.
Le hasard a fait que ce dîner tombait à peu près au moment de la ré-édition de son livre "Préparer son accouchement". L'occasion pour moi de vous parler de ce guide, véritable mine d'informations pour tous les futurs parents.
Et puis, c'est avec une extrême gentillesse que Sophie Gamelin-Lavois a accepté de répondre à mes questions pour vous.
Vous retrouverez l'interview à la fin de cet article.

 

ᴥ ᴥ ᴥ ᴥ ᴥ

 

Tous les jours en France, environ 2000 bébés voient le jour. Si notre pays au début du 21e siècle pouvait se vanter d'avoir le système de santé le plus performant en termes de dispensation et d'organisation des soins, il n'en reste pas moins que 80% des grossesse sont considérées comme "normales", soit 20% seulement de grossesse dites pathologiques.
Or, les futures mamans sont très largement confrontées à une prise en charge rythmée par des examens médicaux (prises de sang, échographies, touchers vaginaux, etc...) prescrits de manière systématique, le plus souvent dans le cadre d'un protocole, et qui ne s'avèrent pas toujours indispensables.
Il en va de même pour les naissances.
Les touchers vaginaux, les lavements, les monitoring, la péridurale, l'épisiotomie... Tous ces actes pourraient souvent être évités, sous couvert d'une prise en charge répondant aux réels besoins de la mère et de son enfant.

C'est pourquoi le projet de naissance est un formidable outil pour faire savoir vos souhaits aux personnels de santé présents le jour de votre accouchement.
Dans son livre, Sophie Gamelin-Lavois nous apprend que l'Organisation Mondiale de la Santé encourage la rédaction d'un projet de naissance, qu'elle appelle "plan individuel".
Ce document qui vous accompagnera le jour J peut aussi être versé à votre dossier de suivi médical, et discuté lors des consultations obligatoires.
Attention, ce n'est cependant pas un contrat!
Tout au long de son livre, Sophie Gamelin-Lavois vous apporte des conseils et des informations pour vous aider à clarifier au mieux vos priorités.
Un merveilleux outil qui devrait être offert à chaque femme par la Sécurité Sociale!

 


ᴥ ᴥ ᴥ ᴥ ᴥ

 

Interview de Sophie Gamelin-Lavois, consultante en périnatalité.

 

Blandine: "Sophie, pouvez-vous nous expliquer en quelques mots votre parcours et ce qui vous a amenée à accompagner les parents dans ce moment primordial qu'est la naissance de leur enfant?"
 
Sophie Gamelin-Lavois: Je n’ai jamais aimé “jouer à la poupée” ou “faire semblant”. J’attendais d’avoir l’âge de jouer en vrai. Dès l’adolescence je lisais des livres sur le corps féminin, la contraception naturelle, et la maternité non médicalement formatée. Et dès ma première grossesse j’avais des souhaits très précis mais il n’y avait alors pas Internet j’ai eu beaucoup de mal à trouver les informations voulues. C’est pourquoi je n’ai eu de cesse de tout mettre en œuvre pour rendre accessible le maximum d’informations aux futures mères. Je suis ainsi devenue créatrice de sites web, auteur de livres informatifs, et consultante périnatale.
 
 
B.: "Vous parlez beaucoup de l'Angleterre dans votre livre. Pensez-vous que la France ait beaucoup à apprendre de ce pays en terme de naissance respectée et si oui comment l'expliquez-vous?"
 
S G-L: Si j’informe de ce qui existe en Angleterre c’est qu’ils ont un temps d’avance sur plein d’aspects autour de la naissance. Par exemple pour l’épisiotomie, c’est en cherchant des données chiffrées lors d’un travail de préparation sur des ressources thématiques pour la Semaine mondiale pour l’accouchement respecté que l’on a constaté que la pratique de cet acte était de 6% depuis bien longtemps alors que nous étions en train de nous battre en 2004 pour faire baisser ce chiffre qui avoisinait les 70% ! Et encore aujourd’hui le Collège des gynécologues obstétriciens de France encourage à tendre vers 30%. Alors effectivement lorsqu’une politique de santé publique s’appuie sur des études, et prend officiellement en compte le choix des femmes (même si effectivement tout n’est pas parfait et que le militantisme associatif estime devoir se battre encore) il est clair que l’on a à apprendre ou s’inspirer, en comblant déjà un retard de vingt ans sans chercher à réinventer la poudre.
 
 
B.: "Dans le cadre de cet article, j'ai fait un petit sondage auprès de mamans. 61% d'entre-elles connaissent l'existence du projet de naissance mais n'en ont pas fait. Qu'est ce qui explique cela à votre avis?"
 
S G-L: Pourquoi “n’en ont pas fait” ? Si le sous-entendu est “par écrit”, alors je réponds que tout projet n’a pas forcément besoin d’être écrit pour être partagé. Et j’en profite pour ajouter qu’un projet (de naissance) n’est pas forcément alternatif. Le plus important est de savoir que toute femme enceinte, lors de l’accouchement et de l’accueil de son enfant, a des droits et des choix. Libre à elle de le mettre en oeuvre à son idée. Il est possible de verbaliser une demande, un souhait voire un refus à tout moment. Il est aussi possible de changer d’avis en fonction de son ressenti du moment. Le plus important est d’avoir préalablement ouvert tous les chemins possibles afin d’avoir la liberté de ses choix ou la capacité de s’adapter à l’imprévu de la naissance.
 
 
B.: "puisqu'une grande majorité des femmes n'ont pas recours au projet de naissance, pensez-vous qu'elles comptent sur le futur papa en tant que garant de leurs souhaits?"
 
S G-L: Ca il faudrait le leur demander directement. Il y a toujours des illustrations et des témoignages en ce sens mais je ne pense pas que ce soit la majorité. Par ailleurs comme je le disais ce n’est pas parce que le projet n’est pas écrit qu’il n’existe pas. Mais effectivement le père peut se poser en protecteur de sa compagne et de ses besoins, comme par exemple verbaliser un souhait alors que la femme est en train de gérer une contraction, sans toutefois que ça pèse trop lourd sur ses épaules. L’important reste à mon sens la confiance en soi et en ses compétences (lire à ce propos “Le cahier zen de la future maman” de Lise Bartoli, et “Attendre et accueillir bébé” de Vanina Caïtucoli), et même si ce n’est pas toujours évident, surtout pour un premier, il est important de comprendre que le projet sert à réaliser ou du moins tendre vers une aspiration (qui a pu évoluer en route) : accoucher n’est pas “partir en guerre” avec une revendication sous un bras et une épée dans l’autre. Le projet, tel que je le conçois, est un outil, pas une fin en soi, tout comme avoir un “projet” de maison n’est pas “avoir la maison” et encore moins “clés en main”.
 
 
B.: "Contrairement aux idées reçues, vous dites dans votre livre que l'on peut faire un projet de naissance dans le cas d'une césarienne. C'est pourtant l'acte pratiqué le plus "médical". Pensez-vous que dans l'urgence il soit quand même consulté et pris en compte pour certaines demandes?"
 
S G-L: Je tiens à apporter une nuance à ce sujet. Dans le cas d’une césarienne en urgence, il est évidemment difficile de négocier les choses, même si on peut imaginer que rien n’est fermé à 100%. En effet rien n’empêche d’exprimer une demande sur un aspect qui tient à coeur, le temps que le bloc soit préparé, ce qui prend à minima une demi-heure). Je parle principalement dans mon livre du cas de la césarienne programmée. Prendre le temps de discuter de points importants pour les parents permet un dialogue avec l’équipe médicale. Et du coup, une naissance ainsi très médicalisée peut quand même trouver des aménagements, qui n’ont parfois l’air de rien, mais qui permettent de vivre au mieux l’accouchement et l’accueil de l’enfant ce qui reste quand même un acte chirurgical.
 
 
B.: "Pour conclure, quel est actuellement votre plus grand souhait concernant les naissances en France?"
 
S G-L: En premier lieu je dirais davantage de choix dans l’offre de soins afin de permettre aux femmes de choisir le lieu de naissance. En effet, il est possible d’accoucher ailleurs que dans un hôpital. Mais aussi davantage de sages-femmes : une sage-femme pour une femme qui accouche serait idéal. Et enfin je formule le souhait que ces dernières soient davantage formées à la physiologie. Humaniser la naissance participe d’un tout. La solitude des femmes est encore une maltraitance trop courante, et ce moment fort trop souvent sacrifié sur l’autel de la rentabilité économique et organisationnelle. Je pense que la naissance n’est pas une marchandise, comme je l’avais justement évoqué dans une conférence il y a déjà une dizaine d’années et dans laquelle je faisais référence à une prise en charge raisonnée plutôt que systématiquement hypermédicalisée. Certes on constate des avancées réelles depuis quinze ans, mais il reste beaucoup à faire encore.
 

 

 

 

avec Sophie Gamelin-Lavois
La naissance autrement, éditions Jouvence, janvier 2014.


 

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